Santé et digital : la révolution des usages
Le mondialement connu cabinet de consulting McKinsey publiait en août dernier une étude révélant les changements profonds augurés par le digital dans l’univers de la santé. S’attachant exclusivement au marché américain, McKinsey remonte des comportements et des attentes consommateurs transposables sur le vieux continent. Voici quelques point clés d’une étude mettant en perspective un marché en pleine transformation digitale.
« Mon médecin? Je l’ai rencontré sur Internet! »
Le marché de la santé connaît une fulgurante transformation et de nouveaux entrants bouleversent le concept même du rendez-vous avec son médecin. Zocdoc, MédecinDirect, Live Health On Line proposent désormais de rencontrer un professionnel de santé par écran interposé et d’obtenir un diagnostic par live chat et upload de photos. La santé, univers si sensible, est sujette elle aussi à une digitalisation accélérée par les usages galopants d’internet et du mobile. Près de 6 millions d’américains utiliseraient aujourd’hui les services de Zocdoc chaque mois, 80% des consultations ont lieu dans les 72h00 suivants la demande de rendez-vous initiale. 85% de ces rendez-vous ont lieu avec des professionnels de santé inconnus des patients, de quoi mettre en perspective le concept du médecin de famille!
D’après McKinsey, la simplification des services (banques, voyages, courses…) liés au digital a rendu le consommateur alerte et de plus en plus autonome dans ses actes d’achats courants. Pourquoi la santé dérogerait aux préceptes digitaux? Les consommateurs souhaitent aujourd’hui avoir le choix (médecins, cliniques, hôpitaux…) , pouvoir réduire leur frais de santé en comparant le prix des consultations, des médicaments, des actes de santé (etc). Les consommateurs n’adoptent pas le digital exclusivement pour programmer leur rendez-vous mais aussi pour interagir directement avec leur médecin, contrôler leur état de santé et noter leur praticien. Ce pouvoir accru du consommateur fait considérablement baisser les frais de santé outre atlantic. La transparence des prix et la possibilité de planifier ses rendez-vous permet d’identifier des services de santé de bonne qualité en toute discrétion.
Si les jeunes (millenials) sont deux fois plus nombreux que les babyboomers à utiliser les services de santé en ligne, les patients atteints de maladies chroniques adoptent eux aussi le digital. 48% d’entre eux favorisent une approche digitale pour limiter les coûts et bénéficier d’une approche personnalisée.
Contrôler l’intégralité de ses données de santé
La technologie permet aux consommateurs un contrôle de plus en plus important de ses données de santé. L’asymétrie de l’information rencontrée par le passé tend à s’inverser, le consommateur peut aujourd’hui créer son propre écosystème de santé consultable à partir de son smartphone. Nike Run Club, Withings, Strava (…) agrègent des données liées à l’activité physique, Zocdoc, MédecinDirect, Live Health On Line détiennent les diagnostiques de consultation, l’historique des examens de santé des patients.
La donnée est donc au cœur de cet écosystème et il y a fort à parier que le prochain bouleversement sera occasionné par une startup capable de faire le pont entre toutes ces applications. Connecter toutes ces datas entre-elles, générer un point d’entrée unique permettant une vue macro de la santé d’un patient est la prochaine étape de la révolution du « health business ». McKinsey estime qu’une telle plateforme devrait voir le jour d’ici 5 à 10 ans.
Des barrières restent à surmonter..
Avant que les consommateurs ne puissent créer leur propre écosystème de santé, plusieurs barrières devront être franchies.
1/Bien que l’adoption des outils digitaux par les consommateurs soit très rapide, leur compréhension de l’intégralité du système de santé demeure lente.
2/ La sécurisation des données est une attente forte des consommateurs. C’est l’une des principales raison pour laquelle une partie des sondés disent rejeter le digital pour leur santé. Un réel manque de confiance envers les sociétés proposant ces services de santé est exprimé.
3/ Ces nouvelles technologies nécessitent l’approbation du FDA (US. Food & Drugs Administration). Une définition des fonctionnalités, des services et du niveau de sécurité offert par ces nouvelles interfaces doit être réalisée.
4/Les fournisseurs de ces nouveaux services de santé devront être prêts à partager leurs données patients/clients avec d’autres API afin d’agréger/consolider les datas. Sans cela, les utilisateurs se tourneront vers un concurrent.
Comme évoqué plus haut, McKinsey insiste sur le fait que la capacité des acteurs du « healthcare online » à concevoir et interagir avec une plateforme unique sera déterminante dans le développement de ce nouveau marché.
Opportunités pour les acteurs de la santé
McKinsey annonce une diminution des dépenses liées à la santé de 220 millions de $ du fait d’une concurrence accrue. La baisse des coûts administratifs et l’optimisation des frais transactionnels liés à l’arrivée du digital contribuent également à la baisse des prix. Si l’on transpose ce phénomène dans l’hexagone, la sécurité sociale pourrait voir le digital comme une solution à son déficit abyssal.
D’un autre côté, de nouveaux revenus seront générés par l’arrivée de ces nouveaux modes de consommation. De nouveaux services optimisant les process d’accès aux soins, des applications permettant le contrôle de son hygiène de vie contribueront à rendre les consommateur plus impliqués. McKinsey prévoit de nouveaux revenus à hauteur de 13 à 24 millions de $.
Les grands gagnants seront les entreprises capables d’orchestrer une relation 100% personnalisée avec leurs clients en abandonnant les modèles standard de segmentation.
Pour lire l’étude McKinsey dans son integralité c’est ici
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