L’économie collaborative
L’économie collaborative, un mode de consommation né de l’Internet et qui continue aujourd’hui à révolutionner les usages. Comment est apparue cette tendance et qui sont ceux qui la font vivre au quotidien ?
Piqûre de rappel
Pour commencer qu’est ce que « l’économie collaborative » ?
D’après ce bon vieux Wiki, « l’économie collaborative est une activité humaine qui vise à produire de la valeur en commun et qui repose sur de nouvelles formes d’organisation du travail. Elle s’appuie sur une organisation plus horizontale que verticale, la mutualisation des biens, des espaces et des outils, l’organisation des citoyens en « réseaux » ou en communautés et généralement l’intermédiation par des plateformes internet… » Blablabla… Pour faire court ? Airbnb, Blablacar, Uber, Ulule and co.
Ce marché apparu après la crise financière et économique de 2008 est né de la baisse du pouvoir d’achat et de la hausse du chômage (des trucs pas cools). De plus en plus de questions sur les modes de production, de financement et de consommation taraudent la population mondiale. La confiance dans l’économie traditionnelle baisse et nous remettons en cause les comportements de consommation classiques. Sans même nous en apercevoir des solutions alternatives (des trucs cools) se mettent en place et nous prenons alors conscience que nous possédons des biens sous-exploités. Voiture, outils de bricolage, logement,…
La consommation collaborative bouleverse alors nos habitudes. On échange nos livres et DVD, on partage nos voitures, on finance les projets d’inconnus, on prête nos canapés… De nouvelles habitudes qui grâce aux échanges et aux rencontres qui en découlent créent du lien social.
Alors que certains penseurs du XVIIIe siècle comme Tocqueville affirment que la démocratie favorise l’émergence de l’individualisme, (un individualisme définit comme le « sentiment qui dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l’écart avec sa famille et ses amis ») pourquoi et comment l’économie collaborative vient aujourd’hui nous prouver le contraire en créant de vraies communautés ?
D’où vient cet amour pour la « sharing economy » ?
La confiance vis à vis des marques étant de plus en plus faible, les consommateurs 2.0 préfèrent échanger avec leurs voisins mêmes inconnus en qui ils auraient plus confiance.
La recherche de sens
Finalement, le fait d’échanger avec son voisin, nous donne l’impression d’avoir réalisé une bonne affaire. Mais pas seulement une bonne affaire au niveau financier. L’échange entre particuliers fait naître le sentiment de se sentir utile et de prendre part à un mouvement de solidarité. 74% des Français sont à la « recherche de sens » dans leur consommation lorsqu’ils ont recours à cette économie collaborative.
Désormais on ne parle plus de consommateur mais de « consommacteur ». Un mot-valise qui désigne un consommateur n’acceptant plus de manière passive les biens et les services qu’on lui propose. Exigeant, il n’hésite pas à contester le pouvoir des marques allant parfois même jusqu’au boycott.
Le lien social
La création de lien social , comme évoqué plus haut, est également au centre du succès de l’économie collaborative. Il génère un engouement particulier vis à vis des plateformes de conso collaborative. Une théorie confirmée par le sociologue Stéphane Hugon qui affirme que « cette nouvelle consommation est largement motivée par une recherche de relation sociale ».
Cette tendance à vouloir tisser du lien est argumentée par les historiens. Laurence Fontaine historienne et directrice de recherche du CNRS voit dans le mouvement un rejet de l’économie capitaliste : «La crise, ou plus exactement l’appauvrissement, pousse les gens vers ces nouvelles formes d’échanges. Mais on peut également analyser ce mouvement comme un refus de la société de marché, commente-t-elle. Au XVIIIe siècle, les aristocrates payaient en objets et habits. L’arrivée de l’argent a libéré les liens sociaux. Les hommes ont ainsi accédé à l’anonymat et à l’individualisme. Mais maintenant que ces valeurs ne sont plus portées aux nues, on cherche de nouveau à tisser du lien social avec de nouveaux moyens. »
Qui consomme collaboratif ?
L’étude Sharevolution menée par Ouishare et la Fing en 2015 a dressé 4 portraits types de consommateurs collaboratifs :
– Les pragmatiques recherchant avant tout le caractère pratique
– Les engagés qui recherchent avant tout à retrouver du sens par ces pratiques
– Les opportunistes ayant recours à la conso collaborative pour des raisons économiques
– Les sceptiques qui essayent par curiosité
On observe également des différences de consommation en fonction de l’âge et de l’habitat. Les jeunes sont les plus adeptes du covoiturage. En tant que passager pour les 18-24 ans et aussi bien en tant que conducteur ou passager pour les 25-34 ans. On consomme de manière collaborative essentiellement en milieu urbain. Les habitants des villes de plus de 100 000 habitants pratiquent beaucoup plus ce mode de conso. Les habitants des petites villes s’ils consomment moins de cette façon ne sont pas en reste pour autant. Ils pratiquent notamment le covoiturage. Enfin, les personnes dont les usages numériques sont les plus développés sont les plus collaboratives.
Pour dresser un portrait type du consommateur collaboratif prenons le « multipratiquant ». Ce conso collaboratif fou a entre 25 et 34 ans. Il est urbain et exerce une profession intermédiaire ou supérieure (cadre, profession libérale…) mais n’a pas pour autant un revenu très élevé (sur représentation des personnes gagnant moins de 2500€ par mois). Enfin, c’est un consommateur confiant dans la place que prendra la consommation collaborative dans les années à venir.
En Bref,
L’économie collaborative serait-elle tirée vers le haut par la génération Y ? Il est fort probable que les jeunes y soient plus sensibles car elle va souvent de paire avec les nouvelles technologies auxquelles ils sont plus aguerris. Le lien social fait aujourd’hui partie intégrante du quotidien des jeunes. Grâce au web, la création de lien social est démultipliée et beaucoup plus accessible. C’est également un bon terrain d’expression et d’information qui permet à tous de comprendre et de faire passer ses idées. L’information est quelque chose d’essentiel lorsque l’on recherche du sens à sa consommation.
Alors oui, comme ça,on dirait que la « sharing economy » est un truc de hipster, mais je vous invite fortement à lire les résultats de l’étude « Sharevolution », vous vous y retrouverez forcément car l’économie collaborative est partout, même chez vous !
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